Hommage à un Stylo-bille
- Amandine Lippi
- 26 févr. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juil. 2024
"C'est quand on a plus rien qu'on devient créatif"
Proverbe africain
rapporté par le conteur Olivier Ponsot

Chers élèves,
Vous n'êtes pas sans savoir que pour travailler en arts plastiques, nous n'avons plus RIEN ! Mais, je connais votre passion pour les stylos 4 couleurs... Nous nous rappelons tous qu'à l'ouverture de l'année scolaire 2022-2023 un frénétique besoin de collectionner les stylos 4 couleurs avait envahi la population adolescente.
J'ai donc le plaisir de vous annoncer que le moment est enfin arrivé : Votre collection va finalement vous servir à quelque chose !

Consignes/Contraintes :
Chers collectionneurs de 4 couleurs, je vous propose donc de travailler par binôme à la réalisation d'une production ayant pour titre :
" Hommage à un stylo-bille "

Votre outil principal sera donc, vous l'aurez compris, le stylo-bille. Comme d'habitude, vous êtes libres du choix du support de votre production et du format de votre restitution finale (papier, vidéo, photo, installation, etc...). A vous de jouer, armez vous de patience !

Références artistiques et culturelles :
" Je n’ai plus un sou. J’achète pour un euro une boîte de dix stylos à bille au marché. Et je dessine..."
L'artiste Karl Beaudelère, en 2011
Un peu d'histoire :
Le stylo à bille est né aux Etats-Unis en 1888, d’après une idée de John J. Loud. Il faudra ensuite attendre 62 ans avant de le voir apparaitre sous la forme jetable qu'on lui connait aujourd'hui.

C'est en 1938, que deux frères hongrois : le journaliste Lazslo Biró et le chimiste Gyorgy Biró, se penchent sur l’invention et donnent naissance au stylo à bille en améliorant la bille elle-même, l’encre et le dispositif d’alimentation. Ils travaillent notamment sur la texture singulière de l'encre qui doit être pâteuse, grasse et à séchage rapide, comme dans les imprimeries ; à la fois pour éviter les tâches et pour que l'encre glisse correctement sur la bille. Ce stylo, des frères Biró se nomme Birome. Un stylo encore très utilisé aujourd'hui en Argentine.

Le baron Marcel Bich rachète le brevet Biró. Il perfectionne encore l'objet, et en 1950, il lance le célèbre modèle " Cristal ", sous la marque Bic. Celui-ci peut " tracer une ligne de deux à trois kilomètres ", puis on le jette. (Ce sera aussi l'avènement des briquets et autres rasoirs jetables). Deux ans après son lancement, le Bic est le produit de consommation le plus vendu en France. Le stylo Cristal envahi les écoles dès 1965. Et visiblement, son succès est toujours d'actualité aujourd'hui...
La vie en rouge, vert, bleu et noir :
Et c'est en 1969 qu'est vendu le plus célèbre des stylos (celui que vous préférez), sous le slogan : "Changer de couleur d'encre sans changer de stylo". Il s'agit du fameux 4 couleurs. Son modèle classique n'a pas changé depuis 1969 !

Quelques références artistiques :
Exposition BIC au 104, à Paris
Au printemps 2018, la salle d'exposition le 104, à Paris donnait à voir La Collection BIC de plus de 150 œuvres. 80 artistes internationaux exposent leurs oeuvres réalisées avec les produits BIC (stylos, briquets et rasoirs).

Alberto Giacometti
L'artiste suisse Giacometti a adopté le stylo-bille, commercialisé en France en 1950 à des fins de création. L'outil est pratique et bon marché, il lui permet de travailler sur tous les supports. Le stylo-bille donne alors naissance à des figures, des portraits, des natures mortes, des motifs qui envahissent les marges de ses livres et journaux, et recouvrent les nappes en papier gaufré des cafés où il a ses habitudes.

Jan Fabre
L'artiste utilise le stylo-bille dans plusieurs de ses performances entre la fin des années 70 et au début des années 80. Dans un premier temps, le choix du stylo à bille bleu est purement d’ordre pratique : " C’était bon marché et efficace, je pouvais les emporter partout et les voler partout. ". C'est la "période bleue" de Fabre. Une période centrée sur le stylo à bille, son matériau alors préféré. Il l'utilise pour recouvrir méticuleusement de grandes étendues de papier. Le bleu métallique très distinctif du stylo jetable forme des paysages. Les traits de stylos sont si denses et si intenses qu’ils semblent presque déchirer le papier. Les supports sont variés : papier, mais aussi tissus, verre, acier, maison...
Oui sur une maison, vous avez bien lu. En 1990, il habille les façades du château de Tivoli en Belgique. 3000 m2 de murs furent recouverts de papiers colorés au Bic.
Karl Beaudelère
Artiste marseillais dont on ne connait le visage qu'au travers de ses autoportraits réalisés au stylo à bille.
Herbet Hinteregger
L'artiste autrichien utilise quant à lui l'objet stylo BIC lui-même comme matériaux de ses oeuvres. Ainsi, il réalise des installations à partir d'accumulations de stylos BIC.
Natnada
Natnada est une jeune artiste vivant en région parisienne. Elle dessine des oeuvres hyper-réalistes à l'aide stylo-bille noirs.
Juan Francisco Casas
Dans le même esprit, l'artiste espagnol Juan Francisco Casas réalise lui aussi des portraits hyper-réalistes au stylo-bille. Et non, ce ne sont pas des photos, mais bien des dessins.

Enam Bosokah
Ou encore, les oeuvres tout aussi incroyables de cet artiste venu du Ghana, Enam Bosokah.