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  • Photo du rédacteurAmandine Lippi

Henri Rousseau

Dernière mise à jour : 27 oct. 2021


Né en 1844 et mort en 1910, Henri Rousseau était un peintre français autodidacte (c'est-à-dire qu'il a appris la peinture seul, sans formation). On le nomme toujours aujourd'hui le Douanier Rousseau en raison de son métier de contrôleur des entrées de boissons alcoolisées à Paris. Ses oeuvres, qualifiées de naïves, furent longtemps moquées avant d'être admirées par les artistes d'avant-gardes du XXème siècle comme André Breton ou Pablo Picasso.


Jeune, Henri Rousseau est peu scolaire, mais passionné par le dessin. Une fois adulte, son travail lui laisse suffisamment de temps pour s'adonner à sa passion, il devient peintre amateur. Mais ses œuvres, des paysages, des portraits, des scènes de genre, sont jugées maladroites et son refusées par le jury du Salon officiel *.


Heureusement pour lui, en 1884, les peintres Georges Seurat, Paul Signac et d'autres artistes créent le Salon des Indépendants. Un Salon sans jury, ni récompense. Ainsi, Henri Rousseau y expose son travail, des œuvres qui étonnent son public. Mais elles ne sont pas bien reçues par la critique. C'est le poète Alfred Jarry qui le surnommera péjorativement "le douanier", pour rappeler à Henri Rousseau qu'il n'est pas peintre. Malgré les moqueries, il restera fidèle à sa passion et continuera d'exposer aux Indépendants.


(Ci-dessous, de gauche à droite) Moi-même, 1890 ; Les Représentants des puissances étrangères venant saluer la République en signe de paix, 1907 ; Les Pêcheurs à la ligne, 1908


Art Naïf (voir fiche sur l'Art Naïf)

Il admire les oeuvres de Jean-Léon Gérôme et Jean-Auguste Dominique Ingres. Mais contrairement à eux, Rousseau n'a pas acquis la maitrise de la perspective occidentale. Un manque de compétence qui confère à ses oeuvres l'innocence des peintures d'enfants et qui offre à son travail toute sa singularité.


La Guerre, 1894

Au centre, une femme armée à la coiffure ébouriffée semble crier sa colère, assise sur le dos d'un cheval noir et sauvage aux poils aussi hérissés que les cheveux de sa cavalière. Dans un même mouvement, ils traversent ensemble la scène. Une scène macabre et brutale dont le sol est recouvert de corps dévorés par des corbeaux. Les arbres sont dépourvus de feuilles et leurs branches sont cassées. Une vision qui contraste avec la nature luxuriante de sa série des "jungles". Les couleurs de la partie haute du tableau parviennent presque à adoucir l'ensemble : le rose des nuages associé au bleu du ciel.


Les Jungles

C'est à partir de 1891 qu'Henri Rousseau commencera à exploiter le thème de la jungle. Il n’a presque jamais quitté Paris, et pourtant, le thème qui l’inspire le plus est celui de la jungle. Il puise ses idées au Jardin des Plantes, au Jardin d’Acclimatation et dans des revues illustrées de botanique de l’époque.


Surprise, 1891


Les couleurs de ses œuvres sont éclatantes, ses traits sont naïfs. Les paysages qu’il représente sont le fruit de son imagination. La nature luxuriance et colorée qu’il peint n’existe pas dans la réalité. Ses peintures sont d’abord critiquées, on leur reproche leur naïveté et leur manque de réalisme. Ce n’est que plus tard que ses « jungles » seront admises comme modèles.


Paysage exotique, 1908


(Ci-dessous, de gauche à droite) Combat de tigre et buffle, 1896 ; La charmeuse de serpents, 1907 ; Femme se promenant dans une forêt fantastique, 1910


"Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand je pénètre dans ces serres et que je vois ces plantes étranges des pays exotiques, il me semble que j'entre dans un rêve."

Le Rêve, 1910

Un des derniers tableaux de l'artiste et la plus grande toile de la série des "jungles" (298,5 × 204,5 cm). Une toile qui inspirera beaucoup les surréalistes. Ici, Rousseau peint une de ses amies polonaise, Yadwiga. Entourée d'immenses fleurs de lotus, elle est représentée nue et allongée sur le côté sur un canapé rouge dont la couleur tranche avec le décor de jungle aux nuances de vert. Le choix de cette pose bien particulière est un grand classique dans l'histoire de l'art. La jeune femme, le visage de profil, regarde vers la droite du tableau, de son bras tendu, elle désigne un autre personnage : Un joueur de flûte. Un charmeur.

Si on se montre attentif, on peut apercevoir plusieurs animaux cachés dans les feuillages. Les deux lions au centre contrastent avec le décor, on ne peut les rater. Mais on découvre également, au fil de notre lecture, la présence de singes et d'oiseaux, et celle encore plus discrète d'un éléphant et d'un serpent.

Les aviez-vous vu ?



Fin de vie

Sur le fin de sa vie, Rousseau vit grâce aux leçons de dessin qu'il donne au sein d'une association. Mais en 1907, il est emprisonné suite à son engagement dans une affaire d'escroquerie. C'est finalement le poète Guillaume Apollinaire qui lui apportera le plus de soutient.

En 1910, Henri Rousseau décède des suites d'une gangrène à la jambe. Sans argent au moment de sa mort, il ne peut être enterré convenablement, il est inhumé dans la fausse commune. Ce sont ses amis (dont Robert Delaunay), en 1947, qui se cotisent pour faire déplacer ses restes dans sa ville natale, à Laval (53).



* Le Salon Officiel : Il s'agissait d'un Salon de peinture et de Sculpture appelé le Salon, créé par le cardinal Mazarin. Une manifestation artistique qui a eu lieu régulièrement à Paris entre la fin du XVIIème siècle et 1880. Le Salon exposait les oeuvres des artistes ayant été agréées par les Académies officielles de peinture et de sculpture de l'époque. L'objectif de cette exposition prestigieuse était de présenter les oeuvres des derniers lauréats de l'Académie des arts au public.

Ci-dessus, une gravure de Pietro Antonio Martini représentant Le Salon de 1787 au Louvre


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