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  • Photo du rédacteurAmandine Lippi

La couleur

Dernière mise à jour : 26 août 2022

Qu'est-ce que la couleur ?


En arts plastiques, on compte 3 couleurs primaires (au centre) : le cyan, le magenta et le jaune. Puis, 3 couleurs secondaires qui sont obtenues en mélangeant 2 couleurs primaires en proportions égales : Cyan + magenta = violet Jaune + cyan = vert Magenta + jaune = orange Les 6 couleurs tertiaires sont issues du mélange à parts égales d’une couleur secondaire et de l’une des deux couleurs primaires qui la composent. On obtient ainsi l’orangé, le carmin, le pourpre, le bleu outremer, le vert émeraude, et le vert clair. Les couleurs opposées sur le cercle (magenta et vert par exemple) sont appelées des couleurs complémentaires. Le contraste entre elles est très violent.


Un peu de science :


Comment perçoit-on la couleur ?

Sans lumière, la couleur n'existe pas.

La lumière blanche (la lumière du soleil et celle de la plupart des ampoules) est composée de 7 couleurs : Violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge. On peut en décomposer le spectre grâce à un prisme (voir ci-dessous).

La couleur que l'on perçoit dépend à la fois de la couleur de la lumière qui frappe l'objet et de la couleur de cet objet. Prenons l'exemple de la tomate :

La lumière blanche vient frapper la tomate, cette dernière en capte toutes les couleurs sauf le rouge qui nous est renvoyé. Nous percevons donc la couleur rouge de la tomate. Mais en fait, la tomate n'a pas réellement de couleur, ce que nous voyons n'est que le reflet de la lumière blanche sur la tomate.

La couleur n'est donc qu'une question de perception.


Perçoit-on les mêmes couleurs que les animaux ?

L’œil humain peut différencier près de huit millions de nuances de couleurs. Pourtant, cet organe si avancé ne donne que peu d’informations à notre cortex visuel pour que ce dernier puisse en reconstituer une image.

On ne sait pas avec exactitude ce que les animaux sont capables de voir, mais les scientifiques peuvent en déduire des conclusions grâce à la présence de cônes dans la structure de la rétine de chaque espèce. (Pour rappel de vos cours d'SVT, les cônes sont des photorécepteurs qui permettent de percevoir la couleur.)

(Ci-dessus, de gauche à droite : Araignée sauteuse par Opoterser. Crotale par Karla Moeller. Chouette par Woodwalker et Poxnar. Chat par Guylaine Brunet.)


Les scientifiques savent depuis longtemps que les oiseaux ont probablement une bien meilleure perception des couleurs que les humains. Comme la plupart des primates, les humains sont trichromatiques, c'est-à-dire que nos yeux ont trois types de récepteurs ou de cônes sensibles aux couleurs bleue, verte et rouge. Les oiseaux, eux, possèdent quatre cônes de couleur, ils sont tétrachromatiques.

Avec nos trois cônes de couleur nous pouvons voir les couleurs de l'arc-en-ciel : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet). Les quatre cônes de couleur que possèdent les oiseaux leur permettent théoriquement de distinguer une plus large gamme de couleurs, dont celles composant le spectre ultraviolet.


Il existe bien des couleurs dans la nature qui nous restent imperceptibles et donc inimaginables pour l'oeil humain.




Une couleur imaginaire ?


La Couleur tombée du ciel (The Colour Out of Space) est une nouvelle de l'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft mêlant fantastique et science-fiction, publiée en 1927. Dans cette nouvelle, l'écrivain américain a imaginé et décrit une couleur indéfinissable et terrifiante...





Signification des couleurs :


La couleur une affaire culturelle autrefois liée aux religions. Les symboliques des couleurs varient en fonction des continents. Durant de nombreux siècles, les peintres cherchèrent à imiter les couleurs de la nature. Mais percevons-nous tous les mêmes couleurs de la même manière ?

La couleur est tout d'abord devenue un médium permettant à l'artiste de s'exprimer, puis au XXème siècle, par l’intermédiaire des pigments, elle s’expose à l’état brut. La couleur est carrément devenue un élément constitutif unique de l'oeuvre : les monochromes.


 

Le Bleu

En occident, le bleu à une signification positive : il représente le rêve, la sagesse, la sérénité, la vérité, la loyauté, la fraîcheur. Mais il peut aussi renvoyer à la mélancolie.

Dans l'art chinois : le bleu vert est le Qing, il est le printemps : c’est la couleur de la nature, du ciel azuré, de la mer, et de la montagne au loin.

Durant la période Byzantine, le bleu devient couleur céleste, symbole du monde éternel, elle montre le chemin de la Foi et exprime l’envol vers Dieu. C’est aussi la couleur de la Vierge Marie.

Au Moyen-Âge, le bleu devient peu à peu, à partir du XIIe siècle, la couleur emblématique de l’Occident chrétien. Couleur de la Vierge d'abord, puis celle de la royauté. A cette époque l'azur renvoie donc à la loyauté, la justice, la sagesse, la science, la fermeté, l'amour fidèle.



Le Bleu Klein

De son véritable nom l'International Klein Blue (IKB), ce célèbre bleu résulte d'un procédé scientifique déposé le 19 mai 1960 à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), par l' artiste français Yves Klein. Après des années de recherche en collaboration avec des scientifiques, Klein est parvenu à atteindre la perfection. Cet incroyable bleu électrique est le résultat de l'association du bleu outremer synthétique (thiosulfate d'aluminosilicate de sodium) à un liant.

" La plus parfaite expression du bleu. "

Yves Klein



 

Le Rouge

Dans certaines langues, le mot "rouge " est assimilé à la couleur elle-même. C'est à dire qu'il signifie à la fois rouge et coloré, ou rouge et beau, ou rouge et riche. Par exemple en russe le mot " krasny " signifie beau mais s’applique aussi à la couleur rouge.

La couleur rouge est présente dès l’origine de l’humanité. On trouve ses pigments dans des décors dès le paléolithique. On l'assimile au sang et à la vie, à l'amour et à la passion, ou encore, au danger.

En Chine, le Chi est la couleur de l’été, la couleur du feu et de la célébration. Durant la période Byzantine, le rouge symbolise le don, la chaleur, l’amour, le sacrifice des martyrs, la résurrection. Mais il peut également représenter le feu éternel de l’enfer et les mauvaises passions.

Au Moyen-Âge, en Occident, le rouge était appelé "gueules", il renvoie à la force, au courage, à la largesse d'esprit, et à la charité. Mais il peut aussi symboliser l'orgueil, la cruauté et la colère.

Les fils rouges de

Chiharu Shiota


Cette artiste japonaise née en 1972 vit et travaille à Berlin depuis 1996. Les oeuvres de Chiharu Shiota s'inscrivent à la croisée de la performance artistique et de l'installation spectaculaire. Elle explore ainsi les relations entre passé et présent en réalisant un impressionnant travail de tissage. D'immenses toiles d'araignée qui tissent les liens du temps à la manière d'un fil d'Ariane.

" Il y a un moment où les fines lignes se rassemblent et s’étendent. Et soudain, on n’arrive plus à tracer les lignes des yeux. Lorsque chaque fil n’est plus visible, il semble que la vérité qui s’y trouve devient enfin visible. "

Chiharu Shiota


 

Le Jaune (& Doré)

Le jaune est la couleur du soleil et des étoiles. Le jaune est la lumière, la joie, l'énergie, la chaleur et la puissance.

Vénéré en Chine et longtemps réservé à l’Empereur, le jaune garde une place importante en Asie où il symbolise la richesse, le pouvoir ou la sagesse. Chez les Grecs et les Romains il est aussi très apprécié et joue un rôle social et religieux important. Dans les fresques grecques et romaines, où les ocres utilisés sont magnifiques, le jaune s’estompe (malheureusement dans tous les sens du terme).

Au Moyen-Âge, on utilisait le doré pour représenter la richesse, la noblesse et la foi. Mais le jaune renvoyait aussi à l'avarice, à la fausseté, à la trahison, à la paresse et à l'envie.

Les peintres Hollandais du XVIème et XVIIème siècle recherchaient un jaune vif et stable à la lumière, le "jaune de Naples" devint alors à la mode.

Puis, tout change au milieu du XIXème siècle quand les artistes découvrent l’importance de la lumière dans la perception des couleurs. L'invention du tube de peinture incite les artistes à sortir des ateliers pour peindre à la lumière naturelle. Puis l'électricité fait son apparition et la lumière jaune continue d'envahir les ateliers jusqu'à tard dans la nuit.

Retrouvez ici l'article sur Gustave Klimt



La couleur de la "clarté suprême de l'amour" pour Van Gogh


C'est aussi le jaune des chapeaux de paille, des champs de blé ou des tournesols, celui du fond quand il peignait son amante Agostina Segatori, celui de la Nature morte aux livres jaunes sur fond jaune. Alors qu'il arrive à Arles en 1888, ce jaune va envahir tout ses tableaux, jusqu'à devenir aussi lourd que l'or en fusion, brûlant comme le soleil, intense, excessif et incandescent.

"C'est un jaune qui hurle" et que Van Gogh associe au bleu. Il représente l'accord du bonheur et de la vie. On retrouve dans plusieurs de ses oeuvres le motif d'un jaune diurne sur un fond bleu nocturne (qu'il définit comme la couleur de l'infini). L'effet qui en résulte rend ses oeuvres encore plus mystérieuses. La Maison Jaune où il fut heureux est d'ailleurs peinte sur un bleu cobalt.





Les films jaunes de

Jean-Pierre Jeunet

Si vous avez déjà vu les films du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet, un détail a dû vous sauter aux yeux. Les images sont teintées de jaune, ce qui confère à ses films une ambiance bien particulière, comme si ses histoires étaient figées dans un temps entre hier et aujourd'hui : un temps indéfini.


(Ci-contre, quelques images des films Delicatessen, 1991 ; Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2001 et Un Long dimanche de fiançailles, 2004)






 

Le Vert

Le vert est la couleur froide, celle des végétaux et par extension tout ce qui est frais, jeune, vigoureux. Elle est symbole de la renaissance de la nature au printemps, associé à l’espoir, la liberté, la chance et par extension à la fortune (la couleur verte du dollar...)

Les pigments verts ont longtemps été rares et c’est la Rome antique qui a développé une gamme de verts à partir de la Terre Verte.

Le vert est très important dans la culture islamique, on la retrouve d'ailleurs dans de nombreux drapeaux en orient. Issue de montagnes désertiques, la civilisation musulmane montre ainsi sa prédilection pour l’eau et la végétation. Le vert est également la couleur du basilic qui est un parfum du Paradis. Le jardin du paradis est représenté très vert, de la couleur de l’éternité. Cette symbolique est conservée durant l'empire Byzantin. Le vert devient la représentation la régénération et du renouveau spirituel. On le trouve dans les scènes de nativité.

Au Moyen-Age, le Sinople (vert) est relativement ignorée, il faudra attendre la Renaissance pour découvrir de nouvelles nuances grâce à travail très abouti sur les terres, qui produira une palette de verts riches et subtils. Instable, chère à fabriquer, dangereuse à manipuler, la couleur verte n’a que parcimonieusement été utilisée ; les plus stables, très pâles, ont été destinées à l’imprimerie.

Paradoxalement, aujourd'hui la couleur verte nous renvoie à la maladie et parfois la mort. On dit également être vert de peur, ou vert de jalousie. D'ailleurs, il est de coutume qu'au théâtre, les acteurs ne portent plus de vert sur scène ; car, entre autres légendes : Molière serait mort sur scène dans un habit vert...


Tamara de Lempicka et le vert

Née en 1898 en Pologne et morte en 1980 au Mexique, Tamara de Lempicka était une peintre issue du mouvement art déco. Son oeuvre reflète le style et la mode des années folle de l'entre-deux-guerres : 1925 - 1935.

Elle a peint principalement des portraits dont le cadrage s'inspire du cinéma : un cadre très resserré autour du sujet. Son style néo-cubiste se caractérise par cet aspect presque métallique des formes et de textures. Les couleurs sont vives et mises en valeurs par des fonds gris ou noirs, mais sa palette est assez restreinte et le vert y est récurrent et piquant.


 

Le Noir

Alors en effet, vous allez me dire : "Mais le noir et le blanc ne sont pas des couleurs !" Et vous avez raison ! Mais certains noirs ont marqué l'Histoire de l'Art, il me semble donc important d'en parler ici.

Le noir est la teinte du commencement et de la fin, de l’avant et de l’après. Elle est l’une des premières employées par les artistes, et ce depuis la préhistoire. On l'associe à la mort ou au chaos, mais elle ne l'a pas toujours été... Le noir symbolise l'humilité, la patience, la tempérance, la pénitence, le deuil, le désespoir et la mort.

En Égypte, le noir est la couleur de la terre, de la fertilité et la régénérescence. Dans l'art chinois, le Hei est la couleur de l'hiver et des cieux. Dans l'islam, le noir renvoie à la haute estime : un turban noir signifie que le religieux descend de la lignée du prophète.

Alors que dans la Bible au contraire, le noir s’oppose à la lumière et fait référence à la mort. Au Moyen Âge, en Occident, il est associé au diable et à l’enfer. Le noir, appelé "sable" à cet époque, est utilisé dans la représentation de créatures terrifiantes aux formes de chauve-souris, de dragons, de charognards et de démons de toutes sortes.

Aujourd'hui il fait également écho à la sobriété et au luxe.

L'Outrenoir de Soulages

Pierre Soulages est un artiste français né à Rodez en 1919. Dès 1979, Soulages commence à peindre ses célèbres "outrenoirs", des monochromes noirs à la frontière entre peinture et sculpture. Soulages nous montre à travers ses oeuvres comment le noir peut changer d'apparence en fonction de la lumière. Soulage passe outre le noir pour faire naitre la lumière. D'une seule et unique teinte de noire, nait une multiplicité de nuances, grâce aux gestes du peintre.

"Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contraste, sans transparences. Dans cet extrême, j’ai vu en quelque sorte la négation du noir."



La Guerre des Couleurs

Pink vs Vantablack

En 2012, Surrey Nano Systems, une entreprise britannique spécialisée dans les nanotechnologies, inventait le Vantablack. Constituée de nanotubes de carbone, cette matière absorbe la lumière à 99,965%. Le Vantablack était le noir le plus noir du monde !

Cette matière rend imperceptibles, à l'oeil humain, la texture, les aspérités et les détails d'un objet recouvert de celle-ci.

Voyez par vous même !


Anish Kapoor, un artiste britannique né en Inde, a acheté les droits du Vantablack. Et contrairement à Klein, il s'en est réservé l'exclusivité de son utilisation. C'est-à-dire que sur toute la planète, il était le seul à pouvoir utiliser cette incroyable matière.


Plusieurs artistes ont alors crié au scandale. Parmi eu, l'artiste britannique Stuart Semple a riposté en inventant le Pink : le rose le plus rose du monde, accessible à tous, sauf à Anish Kapoor et toute personne liée à Anish Kapoor.



Mais depuis, un noir encore plus noir que le Vantablack a été créé par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology, celui-ci absorbe 99,995% de la lumière. Anish Kapoor a donc rendu les armes et a cédé ses droits sur le Vantablack.


 

Le Blanc

Le blanc, comme le noir, n'est pas une couleur, elle est la plus lumineuse des valeurs de gris. Le blanc est un champ chromatique caractérisé par une impression de forte luminosité, sans aucune teinte dominante. On peut utiliser le blanc comme ingrédient, en fonction de la quantité que l'on ajoute à une autre couleur, on peut faire varier l’intensité de cette dernière et ainsi obtenir des couleurs plus ou moins pâles.


Dans la plupart des cultures, le blanc est symbole de pureté, il est une couleur joyeuse et bénéfique. Dans les représentations religieuses, elle est la lumière divine, elle est la couleur des anges et des vêtements du Christ, des Saints et des Justes. Il est la couleur du deuil, et est lié à la vieillesse et la sagesse dans une grande partie du monde.

Le blanc est aussi symbole de propreté, la neige suggère la pureté. Durant des siècles, il n’était pas envisageable que le linge qui touche le corps soit autrement que blanc. D'ailleurs, la robe blanche de la mariée renvoie à la virginité.

Le blanc représente aussi le vide, l’absence, la solitude, le manque ou la plénitude. Il illustre l’innocence : le non coupable se dit "blanc comme neige" ; il "montre patte blanche". Celui qui brandit le drapeau blanc demande la paix. On pense alors à la figure de la colombe immaculée, symbole de paix et de liberté... Par ailleurs, ne dit-on pas "avoir carte blanche" quand on est invité à la liberté ?


Malevitch : Blanc sur blanc !

Peintre Russe, Kasimir Malevitch (1878-1935) est considéré comme l’un des artistes les plus emblématiques de l’art abstrait.

À partir de 1915, l’artiste fait le choix de rejeter la figuration et commence à représenter un monde sans objet. Il qualifie ses oeuvres de "suprématistes" (c'est son travail qui sera à l'origine de ce mouvement artistique du même nom). Malevitch se lance dans une recherche effrénée du rapport entre la forme et l’espace, dans son expression la plus épurée possible. Ses œuvres sont de plus en plus dénuées de toutes références au monde physique. L’artiste considère en effet qu’une oeuvre peinte ne devrait pas avoir pour objectif d’être le reflet de la nature, mais plutôt être la nature elle-même.


C’est dans cet élan révolutionnaire qu'il réalise, en 1918, son œuvre Carré blanc sur fond blanc.

Une oeuvre considérée comme l’aboutissement de son expérimentation suprématiste. Elle est estimée comme étant le premier monochrome de la peinture contemporaine. Mais, est-elle vraiment un monochrome ? En réalité, l’artiste a volontairement superposé deux nuances de blanc pour en faire ressortir un contraste.

Carré blanc sur fond blanc est le témoignage suprême de l'abstraction. Kasimir Melavitch, étant allé au plus loin dans l'abstraction, il reviendra de lui même à la figuration quelques années plus tard...

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