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  • Photo du rédacteurAmandine Lippi

Projet "Wax dans tous ses états"

Projet interdisciplinaire (français, documentation, histoire-géographie et arts plastiques) en collaboration externe avec le Musée de Bourgoin-jallieu et l'anthropologue Anne Grofilley. Projet mené avec deux classes de 6ème.


Qu'est-ce que le Wax ?


Le wax est un tissu inspiré du batik indonésien. Il est industrialisé en Europe et porté en Afrique de l’Ouest. Il constitue un élément emblématique pour aborder la rencontre des cultures, dans les modes vestimentaires, dans les styles graphiques et dans les thèmes représentés. A travers la découverte du wax les élèves ont été amenés à s’interroger sur les préjugés culturels, à découvrir des espaces géographiques et à expérimenter des pratiques artistiques.


Wax signifie "cire" en anglais. Il s'agit d'un tissu (donc un textile issu d'un tissage) en coton. Le wax est connu pour ses motifs hauts en couleurs et sa technique d'impression singulière réalisée à la cire. Le wax est mondialement reconnu comme typiquement "africain" car massivement utilisé en Afrique de l'Ouest. Et pourtant... Le wax est tout d'abord originaire d'Indonésie où on le nomme batik. Puis la technique est réemployée par les usines hollandaises au début du XIXème siècle. L'Europe mise sur l'industrialisation de cette technique d'impression pour produire plus (et à faible coût) et inonder le marchés indonésiens.


" La Parfaite Imperfection "

Mais les productions européennes ne sont finalement pas appréciées en Asie : pour les indonésiens, leur qualité est médiocre, les impressions présentent de nombreuses imperfections : des problèmes de raccord de motifs, des craquelures, des points et des lignes qui donnent des irrégularités au tissu. C'est en Afrique de l'Ouest que la Hollande trouvera acheteurs.

Et l'imperfection d'impression du wax deviendra finalement un gage de qualité recherché par les amateurs de ce tissu singulier (chaque mètre est donc unique) : "la parfaite imperfection".

D'ailleurs, aujourd'hui les machines sont plus précises et pourtant, les usines hollandaises (qui produisent les wax les plus prestigieux) continuent de régler leurs machines de manière à conserver les infimes décalages d'impression, et ainsi conserver la précieuse imperfection qui fait l'identité du wax.



La technique d'impression :

Comme pour le batik indonésien, le tissu est, tout d'abord, recouvert de cire chaude et fluide. Celle lui confère des propriétés hydrophobes (étanches à l'eau), la cire permet de protéger l'éclat des couleurs. Le wax est imprimé des deux côté du tissu. Voici le procédé :




1. Le dessin est reproduit sur des rouleaux d’impression en cuivre qui feront office de tampons. Ces rouleaux sont trempés dans la cire et transfèrent le motif sur l’endroit et l’envers de l’étoffe de coton. Le "vrai" wax est obligatoirement produit grâce à cette technique de cire de réserve.



2. Une fois la cire appliquée, le tissu est immergé dans un bain de teinture indigo, les parties blanches de l’étoffe prenant une teinte bleue intense et profonde. Les parties recouvertes de dessins à la cire resteront donc blanches après retrait de celle-ci.


3. Une machine agite le tissu pour décoller de petits morceaux de cire, révélant un peu de tissu blanc en dessous. Alors, le tissu est séché et la première couleur est appliquée sans retrait du restant de cire.


4. Puis la cire est totalement éliminée et lorsque le tissu est sec, une deuxième couleur est appliquée.

La symbolique des motifs du wax :

Il existe un très grand nombre de motifs wax : de nouveaux apparaissent régulièrement quand d'autres sont récurrents. Ces derniers ont d'ailleurs des noms qui leur sont propres, ils forment un véritable lexique.

Ainsi, celui qui porte le pagne en wax peut faire passer un message en en choisissant astucieusement le motif. Le sens associé à chaque motif varie selon les pays, les années, les dessins, les teintes et leurs combinaisons. En voici quelques uns :



  • " Tu sors, je sors " : deux oiseaux, un en cage et l’autre libre (mari, attention à toi, si tu es infidèle, je le serai aussi).

  • " Ton pied, mon pied " : deux pieds face à face ou côte à côte (symbolise l’union officielle d’un couple).

  • " Mari capable " : (mon mari me comble).

  • " Money can fly " : des hirondelles (l’argent s’envole) ; ou ailleurs : la liberté, le bonheur et la fécondité.




  • " Jalousie " : deux oiseaux qui se font face.

  • " Z’yeux voient, bouche ne parle pas "

  • " Fleur de mariage " : fleurs d'hibiscus

  • " Richesse du pays " : des cabosses de cacao et des billets (en référence à la prospérité de la Côte d'Ivoire longtemps fondée sur l'exploitation du cacao).


On peut également porter le motif de ce que l'on désir avoir. Si je n'ai pas d'ordinateur, je peux porter le motif ordinateur ou téléphone. On porte le motif "Les chaussures et le sac de Michelle Obama", marque d'élégance. Ou si au contraire je possède quelque chose et que je désire le faire savoir, alors, je porte le motif représentant cet objet (motif douche et ventilateur, pas exemple). On revêt le motif "L'escargot est sorti de sa coquille" quand on se souhaite rayonnement et épanouissement. Et quand on veut qu'une amitié prospère, on porte le motif "Souclé kpé" (morceaux de sucre).


 

L'intervenante : Anne Grosfilley


La commissaire de l'exposition WAX! est Anne Grosfilley, une docteur en anthropologie, spécialisée dans le textile et la mode en Afrique. Lauréate du prix Millenium Award en Angleterre pour avoir fait découvrir l’Afrique à travers son patrimoine textile, elle transmet son approche artistique et pédagogique en milieu scolaire et universitaire. L’académie de Nice lui a délivré l’agrément d’intervenant extérieur à l’Education Nationale en Arts Visuels.

Elle est également commissaire d’exposition et consultante pour des maisons de haute couture (Edun, Christian Dior), et autrice de plusieurs ouvrages de référence : Afrique des textiles (Edisud, 2004), L’abécédaire du wax (Grandir, 2015), Wax & co., Anthologie des tissus imprimés d’Afrique (La Martinière, 2017), et Wax, 500 tissus (La Martinière, 2019).


 

Partenariat avec le Musée de Bourgoin-Jallieu


L'exposition temporaire WAX ! était visible du 2 juillet 2022 au 5 février 2023, au Musée de Bourgoin-Jallieu. Elle vous proposait un voyage coloré et graphique autour de cette étoffe créée il y a plus de 125 ans.

WAX ! Trois lettres d’une sonorité explosive. Intense par ses couleurs, graphique par ses dessins, irrégulier dans son impression, le wax suscite fascination, passion et débats. C'est la parfaite imperfection qui en fait toute sa valeur.

Plus qu’un simple tissu, le wax est riche et complexe tant sur le plan technique, et historique, que sur les messages qu’il véhicule. Chaque motif et chaque couleur est porteur d'un message. On ne porte pas n'importe quel wax pour n'importe quelle occasion.

Créée il y a plus de 125 ans, cette étoffe est le reflet d’une longue histoire, au carrefour de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique. Ce produit de l’impérialisme est devenu au fil des décennies un étendard des peuples africains, exprimant la voix des femmes, et témoignant du lien entre un continent. C’est aussi un fleuron économique de l’industrie textile africaine après les Indépendances.


De l’élaboration des maquettes au processus d’impression, de l’effervescence des marchés à l’atelier des tailleurs, des magazines papier glacé aux défilés Haute Couture, le musée s'est associé à l’anthropologue Anne Grosfilley, pour vous faire découvrir la richesse et la complexité du wax. À travers des collections uniques, cette exposition proposait un voyage dans trois continents, pour comprendre les multiples facettes de cette étoffe. (Source : Musée de Bourgoin-Jallieu)



Le vendredi 2 décembre, les élèves de 6°3 et 6°4 sont allés visiter l'exposition WAX ! au Musée de Bourgoin-Jallieu. 1h de visite accompagnée par la médiatrice du musée, Marion Bosa. Elle leur a fait découvrir les spécificités qui font l'identité et la valeur du Wax, ses origines, et la symbolique et les coutumes qui entourent ce fabuleux tissus.


Les élèves ont même pu terminer la visite par un atelier pour apprendre à draper un pagne*.

*Le pagne est un tissu d'environ 59 pouces sur 98 pouces (150 cm sur 250 cm).


 

La semaine de projet au collège :

Anne Grofilley est venue rencontrer les élèves au collège sur la semaine du 30 janvier au 3 février. Elle a travaillé avec eux à raison de 8h par classe (16h d'intervention au total). Trois types d’ateliers ont été menés :

  • L’abécédaire du wax

  • Le vêtement, entre drapé et cousu

  • Le pagne à effigie


L’abécédaire du wax :

Un premier atelier qui a été l'occasion de rappeler comment les motifs de ce tissu sont utilisés comme moyen de communication en Afrique de l’Ouest. La réalisation commune d’un abécédaire a permis d’associer des images de tissu imprimés et des mots, et d’évoquer la francophonie.

A travers l’imagerie du wax, nous avons également abordée la représentation du monde, puisque les élèves ont été amenés à réfléchir et à s’exprimer sur les différences et les similitudes entre les objets de leur quotidien et ceux d’enfants d’Abidjan ou de Ouagadougou.



Nous avons travaillé la mise en couleur des motifs dans une recherche de la "Parfaite imperfection". Il n'a pas été facile pour les élèves de faire volontairement déborder la couleur des contours (et ainsi enfreindre les règles d'esthétique apprises dès le plus jeune âge : "Attention à ne pas dépasser !").



L’Exploration du vêtement :

Les élèves ont été amenés à découvrir différentes pratiques. Ils ont pu réaliser des bijoux en chutes de wax récoltés dans des ateliers de couture. Ce travail créatif a été l'occasion de questionner les enjeux du recyclage.








Puis, pour mieux comprendre la conception des vêtements sur mesure, ils ont réalisé, à partir de patrons prédécoupés, des petits modèles en 2D. L'ensemble des productions ont finalement été utilisées pour réaliser un grand collage collectif.





Conception d'un pagne à effigie :

La conception d’un pagne à effigie a été l’occasion, pour les élèves, d'associer leur portrait photographique à quelques expressions valorisantes. Cet atelier a été l'occasion pour nos 6ème de réfléchir individuellement à la notion de représentation et de narration par l’image.


 

Exposition finale :

Les productions de l'ensemble des établissements ayant participé au projet seront exposées au Musée du textile de Bourgoin-Jallieu du 18 au 30 avril 2023.


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